La Hesbaye Liégeoise

La Hesbaye Liégeoise

par Jean-Pierre Lensen

LA CONQUÊTE

Les Romains arrivent !

Ce cri répandu dans l’armée gauloise donna le signal de l’embuscade. On était alors en l’an 54 avant notre ère. Les légions de SABINUS et COTTA avaient été attirées hors de leur camp d’Atuatuaca et le roi éburon AMBIORIX, à la tête de ses guerriers, taillait en pièce l’armée ennemie. CÉSAR avait envahi la Gaule depuis trois ans. Les peuples belges, établis entre la Seine et le Rhin, avaient opposé une farouche résistance aux troupes romaines. Les Nerviens, dans le Hainaut, ne s’étaient rendus qu’après la terrible bataille du Sabis. Les Aduatiques, dans la région de Namur, résistèrent quelque temps du haut de leur citadelle puis se rendirent. La tribu fut alors emmenée en captivité.  Dans le nord de notre pays, les Morins et les Ménapiens, malgré un environnement propice à la résistance, furent réduits au silence l’année suivante. CÉSAR avait cru ainsi, après deux années de combat, avoir soumis les rudes peuples de la Gaule. En 53, fou de rage, il revint pourchasser AMBIORIX et ses frères de race et mit à feu et à sang les terres insoumises. AMBIORIX ne dut le salut qu’à sa fuite au-delà du Rhin. Le nom d’ « Eburon » ne sera jamais plus prononcé car c’est par un véritable génocide que les Romains s’implantèrent chez nous.

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LA PAIX ROMAINE

C’est pour une raison stratégique, de ravitaillement et de rapidité de liaison que furent construites les chaussées, véritables artères de la civilisation romaine.
Plusieurs grandes voies menaient au nord de l’Empire, aboutissant notamment à Bavai – Bagacum, capitale de la cité des Nerviens, dans le nord de la France. Bavai était un véritable carrefour routier, relié au port de Boulogne et à Cologne, quartier général des troupes romaines du Rhin. Mis en chantier sous le règne d’AUGUSTE, la voie romaine Bavai-Cologne traversait la Moyenne Belgique, passait par Tongres et traversait la Meuse à Maestricht. Pour repeupler le pays des Eburons, les Romains firent venir des tribus de la rive droite du Rhin, les « Tongres ».
Ces nouveaux venus installèrent leur chef-lieu à Atuatuca. Un grand nombre de ces Tongres firent partie des troupes auxiliaires stationnées de la Bretagne à la Mauritanie.

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TONGRES, 1ère VILLE DE BELGIQUE

Atuatuca Tungrorum

Atuatuca Tungrorum

Arrosée par le Geer, Atuatuca Tungrorum devint une base logistique destinée à soutenir les combats qui avaient lieu au-delà du Rhin. Première ville de Belgique, Tongres fut dotée d’un réseau de rues en damier. La vocation de l’agglomération allait changer : c’était une ville commerciale, une métropole ouverte sur sa région, la Hesbaye, riche contrée fertile, un des greniers à blé du nord de l’Empire. De vastes entrepôts y étaient aménagés et ravitaillaient les armées en poste sur la frontière du Rhin. Un sanctuaire se dressait en haut d’une terrasse artificielle, dominant
une source, peut-être celle décrite par PLINE en ces termes : « une eau pétillante de bulles au goût ferrugineux, ne s’y faisait sentir que lorsqu’on avait fini de boire ».
Tout autour de ce temple à cella rectangulaire, selon la mode gauloise, des bâtiments abritaient des échoppes pour les pèlerins. Sur l’esplanade se dressait une colonne couronnée d’un groupe sculpté figurant un cavalier bondissant au-dessus de deux géants anguipèdes. Témoin de l’histoire de nos régions, cette ville fut détruite une première fois en 70 de notre ère lors de la révolte conduite par un chef batave : CIVILIS.

Pôle économique au centre d’une région fertile, Tongres prendra son essor au deuxième siècle et s’entourera d’une enceinte longue de 4 km 500, large de 2 m et haute de plus de 6 m, pourvue de tours circulaires épaisses et précédée de deux ou trois fossés en V.  Atuatuca était alors la deuxième ville en importance du nord de l’Empire. Au centre du Forum, on retrouva une colonne itinéraire octogonale en calcaire noirâtre. Cette colonne reprenait les différentes haltes d’un voyage. Les distances étaient notées en lieues gauloises, équivalant à 2.222 m.

 

LES CHAUSSÉES ROMAINES

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Vue d’une voie romaine

Les chaussées romaines, larges habituellement de 5 à 6 m, montrent bien le haut degré de technicité des conquérants romains. Le rôle économique de la chaussée Bavai-Cologne a été considérable
à la fois par les produits agricoles des Fundi de Hesbaye qui parvenaient à l’armée du Rhin et par les verreries et les céramiques de Cologne qui étaient écoulées vers les grands et petits domaines de la Cité de Tongres. Deux voies importantes traversaient la Hesbaye du nord au sud.

La première à l’ouest, aboutissait à la Meuse qu’elle enjambait à hauteur d’Amay ; la chaussée remontait vers le Condroz et se dirigeait vers Arlon et le pays trévire. La seconde à l’est, traversait les riches terres de Hesbaye et regagnait la Meuse à hauteur de Herstal. Le Pays de Herve était alors parcouru par cette voie qui, en définitive, rejoignait Trèves. Le long de ces routes, mais aussi des cours d’eau, étaient jalonnés de nombreux bourgs, les « Vici », nés souvent autour d’un marché ou d’un sanctuaire. Ces bourgs, comme Geminiacum (Liberchies), Tabernae (Taviers),
Perniciacum (Braives) ou encore Mosae Trajectus (Maestricht) ou Vervigium (Vervoz) connurent un essor appréciable dont les relais, les thermes, les temples et les quartiers artisanaux attestent l’importance.

LA VIE RURALE

Mais c’est avant tout l’activité économique dans les domaines agricoles, basée sur la mise en valeur des terres de surface ou du sous sol qui fut à la base de la prospérité que connut la Hesbaye aux deux premiers siècles de notre ère. Première terre agricole de notre pays, la Hesbaye fut intensément exploitée à l’époque gauloise par de petites fermes en bois, entourées d’enclos. C’est là que la romanisation des campagnes débuta vers le milieu du premier siècle.

La dispersion très dense et régulière des villas, imposa des changements importants dans l’ordre social ; traditionnellement, c’est l’aristocratie locale qui jouira de la grande propriété terrienne, bientôt rejointe par de riches commerçants et des magistrats. Les sols fertiles fourniront également des parcelles de magnifiques terres pour récompenser les services des vétérans et des officiers de haut rang. (Le « Diplôme de Flémalle » rappelle une donation). L’étendue de ces domaines pouvait varier de 20 à 100 hectares.

LA VILLA ROMAINE

 

Les villas étaient variées : certaines présentaient une galerie derrière laquelle s’étendait une grande salle servant de grange, d’étable et de remise. L’habitation était déportée aux angles.
D’autres plus grandes étaient le centre de vastes domaines qui furent exploités au moyen de petites fermes dépendantes. Dans ce cas, les corps de logis étaient des bâtiments rectangulaires
précédés d’une galerie en façade, entre deux pièces d’angle dont la longueur dépassait rarement 30 m. Derrière cette façade à la mode romaine, une seule grande salle était réservée aux principales activités des habitants de la ferme. Une ou plusieurs pièces flanquaient la grande salle. A Défaut de cette grande salle, le bâtiment était entièrement divisé en petites chambres.
Une cave à provisions, aménagée avec soin, complétait l’équipement de ces villas. De grands vases y étaient stockés. Autour de ce noyau central, des annexes, des granges, des étables
étaient dispersées irrégulièrement ou groupées autour d’une cour rectangulaire s’étendant devant le corps de logis et séparée de lui par un mur de clôture.

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Un système d’hypocauste

Ces bâtiments étaient construits en brique ou en pierre du pays, comme le calcaire de la vallée mosane, le marbre de Liège et de Theux, le schiste d’Ardenne ou le tuffeau de la Montagne Saint-Pierre, la technique romaine de construction par mortier remplaçant les pierres sèches ou le bois utilisés à l’époque gauloise. Les toits n’étaient plus de chaume mais recouverts de tuiles fabriquées dans la contrée comme à Liège, Hermalle-sous-Huy et Tongres. Les larges tuiles plates (les tegulae) étaient jointes et recouvertes de tuiles arrondies (les imbrices).
Le confort domestique s’améliora rapidement : nombreuses sont les villas remaniées, le nombre de pièces fut augmenté ; on adjoignit des salles de bain au corps de logis et l’on chauffe certaines pièces par « hypocauste ». Ce système de chauffage permettait à la chaleur produite dans un four (le praefurnium) de se répandre sous le dallage des pièces soutenu par des pilettes en terre cuite et dans les parois des murs, également constitués de boisseaux de la même matière. Les bains romains font montre dans certaines villas d’un luxe étonnant, comme l’attestent les fouilles menées par l’Abbé PEUSKENS à Boirs et à Heure-le-Romain.

A côté des vestiaires ou apodyterium, le Romain avait l’occasion de se plonger dans une baignoire d’eau chaude (caldarium) ou d’eau tiède (tepidarium). Il pouvait aussi prendre des bains de vapeur dans le sudatorium et ensuite se plonger dans une piscine d’eau froide (frigidarium). De riches mosaïques ornaient tout spécialement cette installation importante. La villa pouvait en outre être mise en valeur par des fresques colorées ou des marbres de différentes provenances. L’habileté des artisans de la Belgica était renommée : les Trévires avaient inventé une moissonneuse originale. Les céréales n’étaient pas seules à être cultivées dans nos régions. Sur les coteaux croissait la vigne qui donnait un petit vin bien apprécié.

LA BASSE-MEUSE

La densité d’occupation dans cette région était élevée. La villa de Haccourt, proche de Herstal, était le centre d’un domaine. Elle remplaçait une ferme construite en bois, qui fut en activité jusqu’aux environs de l’an 50. Une nouvelle bâtisse en pierres, longue de plus de 100 m, était flanquée de deux portiques : l’un à la façade principale, l’autre à la façade postérieure. Un vaste complexe de bains avait été érigé en parallèle. Plusieurs remaniements, spécialement au deuxième siècle, attestent la richesse et la monumentalité de cette ferme. Les peintures murales et
les mosaïques témoignent d’un goût artistique développé, ce luxe restant cependant réservé aux pièces les plus importantes. Une petite cave en forme de croix garde encore son secret. C’est entre 150 et 230 que les domaines agricoles ont connu l’apogée de leur prospérité.

LA CÉRAMIQUE

Le repas vient d’être servi. De riches services à vaisselle ornent la table. Les voies de communication aisées permettaient un acheminement rapide de ces vaisselles en céramique sigillée de couleur rouge, depuis les officines de potiers. D’abord situés uniquement en Italie, à Arezzo, les centres de fabrication se déplacèrent peu à peu vers le nord et l’est de la Gaule, pour se rapprocher de l’énorme clientèle que constituaient les garnisons rhénanes. C’est dans une zone concentrée en Moyenne Belgique, de Tournai à la Hesbaye et le long de la Meuse, que des potiers fabriquèrent à partir du règne de CLAUDE, une céramique dite « Belge ». Ces Terra rubra (rouges) et Terra nigra (noires) imitèrent les prototypes de terre sigillée ou reprirent des formes en vogue au temps de l’indépendance gauloise.

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Terra rubra

Des fosses et des cuves pour presser l’argile et des hangars pour le séchage, ont été mis au jour à côté de fours et de dépotoirs. Les fours sont à tirage vertical avec deux chambres superposées, séparées par une sole percée de canaux ; en-dessous, la chambre de chauffe et au-dessus, la chambre de cuisson. Les vases étaient empilés sur la sole, le plus souvent avec l’orifice tourné vers le bas, le tout étant recouvert par un dôme.

Les officines de potiers nous fournirent aussi des types bien particuliers. La Rhénanie au troisième siècle fabriqua des gobelets dont les gobelets à devises, des cruches à décor flammé et des mortiers. Des vases d’un noir brillant, décorés à la barbotine furent importés de Castor dans les îles britanniques.

LA VERRERIE

Un autre artisanat en vogue sous l’Empire romain, la verrerie donna, grâce aux artisans orientaux installés à Cologne, de magnifiques modèles de verrerie bleu-verdâtre, avec figuration moulée.

LA MÉTALLURGIE

Dans les ateliers de villas, comme à Herstal, furent mis en activité de nombreux bas-fourneaux. Il fallait bien produire les outils, les ustensiles, les armes et les clous nécessaires à la vie du domaine. Les armées romaines cantonnées le long du Rhin, importaient certaines armes de nos régions.

LE COMMERCE

Le commerce avec les régions méditerranéennes fut intense : de petits bronzes, des statuettes et des récipients furent imités dans les ateliers de la région comme à Bavai, tandis que les villas de l’Entre-Sambre-et-Meuse se firent connaître par la production de fibules et d’autres objets de parure. D’ailleurs, dès avant la conquête, les Gaulois étaient d’adroits bronziers capables d’émailler, d’étamer et d’argenter leurs produits.

CROYANCES RELIGIEUSES

Des statuettes en terre cuite et en bronze nous renseignent utilement sur les croyances religieuses des Belgo-romains. Le Panthéon romain s’est assez bien assimilé aux anciennes divinités
gauloises et les habitants de nos régions ont vite adoré les divinités classiques, d’autant plus que les druides, détenteurs de l’ancienne religion, ferments de révoltes gauloises étaient pourchassés.
A côté de JUPITER, nous retrouvons MARS, détenteur des vertus guerrières ou encore MERCURE qui encourage le commerce et protège l’artisan (voir ici le MERCURE trouvé à Herstal). Les dieux locaux restent présents comme chez les Trévires, EPONA, la déesse aux chevaux dont l’élevage était en vogue dans cette tribu.

Dionysos

Combien plus modestes mais éloquents par la foi populaire qu’elles représentent, sont ces nombreuses statuettes de terre cuite (les Vénus, les Matres), protectrices du sol et des animaux, qui assurent la prospérité dans cette vie comme la félicité éternelle dans l’au-delà. Les pèlerinages étaient déjà en vogue car l’on retrouva dans des puits à offrande, des moulages d’animaux ou des statuettes en terre cuite, fabriquées dans l’Allier (France, région de Vichy). Le plan des temples gallo-romains se signale par une cella rectangulaire, entourée d’un enclos qui témoigne de la résistance des traditions locales pré-romaines.

TOMBES ET TUMULI

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Un tumulus

Une source appréciable de renseignements nous est fournie par les fouilles de tombes et de nécropoles. C’est au voisinage des villas, des vici et à la sortie des villes comme Tongres que nous retrouvons les cimetières. On y pratiquait principalement l’« incinération ». Le défunt était amené sur le lieu de la crémation, revêtu de ses effets et de ses bijoux personnels. Probablement placé sur un lit de parade, il recevait des offrandes dont on peut retrouver les restes altérés par le feu.  Les cendres lavées étaient placées dans l’urne et un mobilier funéraire accompagnait le défunt dans son voyage vers l’au-delà. Le voyageur qui venait de Bavai et se dirigeait vers Tongres était frappé, à son entrée dans la Civitas Tongre, par de hauts tertres coupant l’horizon : les Tumuli.
Ceux-ci étaient des tertres empilés de couches de terre et ceints d’un muret à la base. Une inscription funéraire pouvait orner ce tertre. Le diamètre pouvait dépasser 40 m et la hauteur, 10 m.
Situés le long de la voie Bavai-Tongres et des chaussées partant de Tongres vers le sud de la Civitas, ces tumuli furent souvent arasés aux époques modernes. Quelques exemplaires sont toutefois conservés comme à Omal, Avennes ou Koninksem.

C’est dans le dernier quart du premier siècle que des soldats Tongres ramenèrent ce mode funéraire des régions danubiennes. Les vétérans revenus s’installer en Hesbaye voulurent que leurs cendres reposent sous un tumulus aussi impressionnant. Comme témoignage probant des fonctions militaires des défunts, on plaçait parfois un poignard d’apparat, le parazonium, dans certains  tumuli. Des dames et des grands propriétaires furent aussi incinérés et les cendres placées sous ces tertres. Les cendres du défunt seront placées dans un coffret de plomb, dans une urne en verre ou simplement en tas. Dans la fosse revêtue d’épaisses planches de chêne faisant coffrage, se plaçait le mobilier funéraire. Il s’agissait d’objets neufs ou fortement usagés ou même des antiquités. 
Beaucoup rappelaient les loisirs et les bons côtés de la vie. D’autres servaient aux libations ou devaient être pris en charge par le défunt dans sa recherche de l’au-delà.

A HERSTAL, AU LIEU-DIT « AL TOMBE » : UN TUMULUS

Fut incinéré, dans la seconde moitié du deuxième siècle, un officier qui avait reçu un domaine assez vaste, ayant son centre à la Villa Roville. Celle-ci connut une longue existence jusqu’au quatrième siècle. Il est probable que le grand coffre de bois ait été recouvert d’un tertre.  Au défunt, l’on donna pour les joies corporelles dans l’au-delà, un jeu de dames, une paire de strigiles et un nécessaire de bain : un vase à onguent et un poêlon à manche plat venant de Capoue. Le vase à onguent, en bronze coulé, richement orné de figures en relief, provient d’un atelier gaulois. L’anse porte la représentation d’enfants et de thyrses, bâtons attributs de DIONYSOS. La panse est décorée de quatre philosophes posant avec gravité à côté de leurs tablettes. Le registre supérieur montre, non sans quelque ironie, les délassements moins austères de vieillards en compagnie de jeunes garçons. Le mobilier de Herstal comprenait aussi un bol à collerette, une coupelle, deux jattes, une assiette signée « DISETUS », artisan de Lavoye, et deux petites coupes.

Un petit candélabre de bronze et une grande lanterne devaient procurer au défunt la lumière qui lui permettrait de traverser les ténèbres approchant de l’au-delà. Enfin, le service traditionnel de libation était présent : l’Œnochoé pansue, à bec treflé et la patère terminée par une tête de bélier, produits d’ateliers du sud de l’Italie, à la fin du premier siècle. Quant à l’obole à CHARON, elle consistait en grand bronze de « DOMITIEN ».

De ce tumulus pourrait provenir une bague en or, portant l’inscription suivante :

« VIS DANS LA JOIE ET SOIS AIMÉ DE NOUS ».

LE BAS-EMPIRE ET LA FIN DE L’EMPIRE ROMAIN

L’âge d’or pouvait-il durer alors qu’il attisait la convoitise des peuples germains d’au-delà du Rhin ? Sous l’empereur GALLIEN, vers 253-255, des bandes d’Alamans et de Francs rompent la frontière du Rhin et s’engouffrent dans nos régions, en ne laissant sur leur passage que villas pillées et bourgs démantelés.

POSTUME surnommé « le restaurateur des Gaules », remporta alors des succès appréciables mais passagers contre ces pillards. Ce n’était que partie remise car en 275, ces deux peuples pénètrent en Gaule et mettent à sac plus de soixante villes dont Tongres. Les côtes, les axes routiers et fluviaux sont alors fortifiés. Les vici de Liberchies, de Taviers et de Braives, ainsi qu’Amay et Maestricht se dotent de fortins et s’entourent de palissades et de fossés. Les forces armées ne sont plus seulement concentrées sur le Rhin, mais sont dispersées à l’intérieur du territoire. Chaque région va tendre à se suffire à elle-même et des forteresses rurales et des refuges verront le jour.

La ville de Tongres se renferme dans des remparts plus exigus : l’enceinte est réduite à 2 km 600, les tours de guet sont plus nombreuses et les murs plus épais. L’heure était à la défensive. Les troupes régulières y tenaient d’ailleurs garnison et étaient en partie constituées de « Lètes », des barbares venus d’au-delà du Rhin, qui avaient été incorporés dans l’armée impériale
et avaient reçu l’autorisation vers le milieu du quatrième siècle de s’installer dans le nord de la cité des Tongres. Ces « Lètes » se faisaient enterrer, accompagnés de leur équipement
militaire, des boucles de ceinturons et des armes, notamment.

DÉCADENCE

Des poteries en sigillée attestent le déclin de l’artisanat. L’argile et la cuisson sont moins soignées. Le décor est constitué de barbotines ou d’impressions faites à la molette. Ces cruches, coupes, assiettes furent fabriquées dans les ateliers d’Argonne (en Champagne française). Cette période, marquée par des crises politiques et des incursions de pillards venus de Germanie, voit une régression économique. Et beaucoup de villas auraient été détruites ou abandonnées.

FIN DE L’EMPIRE

Les raids et les infiltrations se poursuivront durant tout le quatrième siècle. En 402, l’armée d’occupation se retirera de Hesbaye et en 406, les Vandales, les Alains et les Suèves franchissaient le Rhin. Il s’agissait bien là de la fin de l’Empire romain dans nos régions.

L’AVENIR

Cependant, les germes d’un renouveau seront apportés par une nouvelle religion : le CHRISTIANISME. Vers 350, on mentionne un évêque à Tongres, SERVAIS. Il est probable qu’une église primitive à abside fut fondée à cette époque. Cette basilique fut dédiée à Notre-Dame.

UNE PAGE D’HISTOIRE ÉTAIT TOURNÉE…
LA HESBAYE ALLAIT DÉSORMAIS VIVRE
A L’HEURE DES ROIS FRANCS…
ET HERSTAL ALLAIT JOUER UN RÔLE
PRÉPONDÉRANT EN DEVENANT
LE BERCEAU DES CAROLINGIENS !