La vie en chansons

La vie en chansons

La vie en chansons 

 7 août au 6 septembre – 14 h à 18 h – Fermé le lundi 

 Chapelle des Sépulcrines, rue du Collège, 31, 4600 Visé. 

 
Invitation au vernissage le 7 août 2015

Invitation au vernissage le 7 août 2015

Il ne reste d’abord que quelques feuillets, des pages jaunies et des mots anciens. Parfois une partition ou l’information laconique : sur l’air de.  Malheureusement, de nombreux airs de cette époque nous sont inconnus aujourd’hui… A l’exception notable de ceux qui nous sont parvenues jusqu’à aujourd’hui à la faveur « comptines et berceuses » de l’enfance, tel que « Sur le pont d’Avignon », « J’ai du bon Tabac », « Auprès de ma Blonde » et beaucoup d’autres. Des chansons d’un autre temps… et d’autres guerres, aux textes qui n’ont rien d’enfantin si on les écoute dans leur intégralité.
Privées de leurs mélodies, ces chansons deviennent des poésies. On les lira, faute de pouvoir les chanter, mais jamais on oubliera qu’elles le furent. On ne fera pas ici qu’une histoire de la pratique musicale, mais une relecture de l’histoire de cette guerre par les chansons… Une histoire parfois moins glorieuse, mais bien plus humaine.
 
Image

Que peut-on dire de la musique au début du XXème siècle ?


Certains se figurent peut-être un monde plus silencieux, plus triste en l’absence de nos médias de masse tel que la radio ou la télévision. Un monde lointain, difficile à comprendre et à se figurer. Des hommes et des femmes appartenant dès à présent à l’Histoire.
A l’aube de la guerre 14, les chansons et la musique ont un rôle prépondérant qui ne disparaitra pas avec le conflit, bien au contraire, et si la majorité du répertoire qui nous est parvenu est martial voir brutal, il nous reste suffisamment d’autres types de chansons pour nous permettre de soulever le voile sur la vie, les mentalités et la culture de nos ancêtres avant et pendant cette période troublée. C’est ainsi qu’au-delà de la musique d’une époque, nous espérons vous faire découvrir un peu de la vie quotidienne, des joies et des tristesses de nos aïeux.
Nombreux sont les historiens à considérer la Grande Guerre comme la véritable fin du XIXème siècle. Car ces quatre années de conflit vont changer bien des choses, elles vont déclencher de réelles mutations partout en Europe.
D’une part, cette période va accélérer la fin d’une culture ancrée dans un passé majoritairement rural, un monde agricole équilibré aux traditions stables. En France, si l’industrialisation est encore timide, ce n’est pas le cas en Belgique où la différence est flagrante entre les zones rurales et citadines. Le bassin minier est alors très actif et le pays rayonne à l’étranger. Pour ses 75 ans d’existence, la Belgique reçoit et organise l’exposition universelle à Liège en 1905. Le but est bien évidemment de montrer la « grandeur » économique et industrielle de ce petit pays qui est la 3ème puissance mondiale en 1910.
D’autre part, elle va consacrer l’envol d’une nouvelle culture essentiellement urbaine. Un monde post-rural tourné vers la ville tentatrice et ses modes de loisirs. On aura dès lors sur le passé et ses racines qu’une vision souvent simplifiée, voire caricaturée mais rassurante : celle de groupe folklorique, où les fêtes communautaires deviennent un spectacle.

Image

La musique au quotidien

« Elle est belle, elle est mignonne,
C’est un’ bien jolie personne,
De dedans la rue on peut la voir
Qu’elle est assis’ dans son comptoir.
Elle a toujours le sourire,
On dirait un’ femme en cire
Avec-que son chignon qu’est toujours bien coiffé,
La belle caissière du Grand Café »
« La caissière du grand café » (Paroles de Louis Bousquet – Musique de Louis Izoird, Chanson créée par Bach, 1914)

Image

Revenons à notre début 1900… A l’époque, la chanson appartient plus que jamais au quotidien des peuples. Pour exemple, on crée plus de 12 000 chansons, par an, en France, l’équivalent de 800 à 1000 albums de nos jours.

Dans les Caf’ Conc’, on chante les impôts et l’augmentation du prix du sucre, on raconte la guerre et les meurtres des faubourgs… Mais surtout on y fredonne des romances et des comédies polissonnes. Tout est prétexte à écrire et à composer : des sentiments au comique, en passant par l’actualité, les affaires diplomatiques et les faits divers sordides.

Ces chansons sont réalisées en guise de réaction immédiate à l’actualité et sont aussitôt vendues sur des feuilles volantes à quelques centimes. Elles n’ont pas d’autres ambitions que d’être chantées pendant quelques jours ou semaines. Pour faire une comparaison des plus anachronique, les chansons sont aussi fugaces et oubliables que les buzz’s qui animent aujourd’hui nos réseaux sociaux.

Les chansons se propagent ainsi sur des feuillets – le disque existe déjà, mais coûteux et fragile, il n’est jamais tiré qu’à quelques centaines d’exemplaires. Chaque soir dans les Caf’ Conc’, dans les Fraternités, dans les cafés, dans les foyers, on n’écoute pas de chansons, … vous l’aurez compris, on les chante !

Image

[box type= »info »] Ouverte le vendredi 7 août (vernissage), l’exposition sera accessible du mardi au dimanche de 14 h. à 18 h, en la chapelle des Sépulcrines jusqu’au 6 septembre.

Plusieurs visites commentées seront organisées. Merci pour la documentation et les prêts à l’I.H.O.E.S., à la salle Ulysse Capitaine, à Françoise Lempereur, au Conservatoire de Musique de Liège, au Philharmonique de Liège (M.Daddo), au fort de Loncin, à MM.Levo et Daubioul, à la chorale César Franck, au groupe Le Temps des Cerises et à la F.W.B.[/box]

Image

« Le samedi soir après l’turbin
L’ouvrier parisien
Dit à sa femme : Comme dessert
J’te paie l’café-concert
On va filer bras dessus bras dessous
Aux galeries à vingt sous »
Refrain
Viens, Poupoule !, Viens, Poupoule ! Viens !
Quand j’entends des chansons
Ça me rend tout polisson
Ah !
Viens, Poupoule !, Viens, Poupoule ! Viens !
Souviens-toi que c’est comme ça
Que je suis devenu papa »
(1902 – Paroles d’Adolf Spahn adaptées par Henri Christiné et Alexandre Trébitsch et musique d’Adolf Spahn)

Image
 

Affiche de l'exposition "La vie en chansons"

Affiche de l’exposition « La vie en chansons »