Femmes aux multiples visages : la mère

Femmes aux multiples visages : la mère

1914 – 1918

En 2015, je réalisais pour le compte du musée de Visé, une exposition sur la chanson populaire de 1900 à 1920. La majorité des articles étaient évidemment liés de prêt ou de loin à la Grande Guerre mais la sélection qui suit, qui me tient particulièrement à cœur, a pour sujet la Femme. Il s’agit donc d’esquisser un portrait pluriel de la femme telle qu’elle est représentée à cette époque tourmentée et telle que l’exige l’état en cette période de guerre. Toujours oscillant entre  la mère ou la putain. De la payse (la femme bien du pays) à la gigolette (la femme de peu de vertu).

La mère 

La maternité est un sujet englobant tous les autres portraits de femmes. En 1914, elles ne sont définies que par cela. Dans ce contexte, elles se doivent d’être soit des mères éplorées dont le fils est tombé au champ d’honneur ou soit une épouse ou une fiancée, future mère qui devrait donner au pays de nouveaux et vigoureux soldats qui vengeront leurs pères.  
Il y a la Mère, presque incarnation de la patrie. Celle qui offre le sang de ses enfants à la patrie, sans une larme, avec le courage et la dignité qui sied à sa condition – car elle ne doit pas pleurer et elle doit accueillir la mort de son petit comme un grand honneur, symbolisé par les médailles ! 
Cette mère du soldat est très présente dans le corpus, de manière « passive ». Le soldat s’inquiète toujours de sa vieille mère laissée au pays…Il lui écrit souvent. Elle est le soutien indéfectible, l’amour inconditionnel, elle est ce « pourquoi » le soldat se bat,  ce qu’il doit protéger. Sa présence plane au-dessus de lui, tel un ange. Et c’est cette mère que l’on invoque à la dernière extrémité, quand plus rien ne peut sauver le soldat, c’est dans les bras de sa mère qu’il voudrait se trouver, protéger, à jamais. 
Quelques chansons entrant dans cette thématique : « De sa mère on se souvient toujours » (Paroles de Despres Levy, musique de Gustave Goublier), « Les mamans » (Paroles de Lucien Boyer, musique de J. Archainbaud), « Il porte le dernier baiser de sa mère » (Paroles de J. Baras, sur l’air de « je ne veux pas l’aimer »), « Ne faites pas de peine aux mamans » (Paroles de Mazet & Chafange, musique de Georges Krier), « La voix des mères » (Paroles d’Arthus, musique de Gustave Goublier), « Le cœur d’une maman » (Paroles de Madame Valentin), « La guerre et les mamans » (Anonyme)