Voyage dans le Haut Moyen-Age (Part. 1)

Le site de Lixhe – Nivelle : les fouilles

Extrait de l’exposition « 15 ans de fouilles en Basse-Meuse »

Le site de Lixhe – Nivelle

Les opérations de fouilles entreprises à Lixhe, dans la commune de Visé, à l’angle des rues de Liège et de la Vouerie, sont consécutives à l’octroi d’un permis de bâtir pour le pré dit « Labroye « par ailleurs bien connu des archéologues puisque de nombreux textes historiques y font référence. Les recherches ont été confiées à l’équipe de fouille attachée à l’A.S.B.L. « Les Chercheurs de la Wallonie». Une première évaluation a donc été réalisée en avril 2003 afin d’estimer l’intérêt réel du site. Sept tranchées de sondages continus ont été ouvertes et au vu de l’importance des découvertes, il fut rapidement décidé d’étendre le décapage à l’ensemble du terrain. En effet, dès le début des travaux sont apparues, sous 60 cm de remblai, 14 sépultures potentielles, un pan de mur en tufeau conservé sur deux assises à en viron 4 m de profondeur, la partie sud de la fondation en silex d’un édifice, un muret en pierres sèches conservé sur une assise ainsi que de nombreux pieux et fosses de dimensions très variables. Le projet d’aménagement du site émane de la Fondation Roi Baudouin et consiste en un lotissement de seize parcelles avec des habitations tantôt individuelles, tantôt mitoyennes articulées autour d’une placette et d’une nouvelle voirie reliée à la rue de la Vouerie, à proximité de la ferme du même nom [également connue sous le nom de son propriétaire, René Philippart]. Le terrain est situé, Section A, n° 965, et couvre une superficie de 11 415 m². Les nombreuses irrégularités du relief de la parcelle témoignent d’une occupation humaine ancienne et très importante. Le côté est de l’emprise, qui longe la rue de la Vouerie, est par ailleurs occupé par une dépression sur les trois-quarts de sa longueur, sorte de fossé qui présente une déclivité importante vers le nord.

La Seigneurie de Nivelle

Stratégiquement bien située, puisque le long de la Meuse, en bordure de l’axe Liège-Maastricht, l’ancienne seigneurie de Nivelle contrôlait la principale voie d’accès tant terrestre que fluviale, à la principauté depuis l’est. L’aspect défensif du lieu est donc manifeste, au même titre, sans doute, que l’aspect économique puisque l’essentiel des échanges commerciaux avec les régions avoisinantes devait se faire via le fleuve. Ce n’est donc pas un hasard, si, de nombreuses traces d’occupation ont été repérées dans les environs déjà pour les périodes les plus anciennes. En ce qui nous concerne, c’est plus particulièrement le début du VIIIe siècle qui nous intéressait de prime abord, soit l’époque des saints Lambert et Hubert et donc, le tout début de l’histoire du pays de Liège. Il semblerait en effet que saint Hubert possédait une habitation à Nivelle avec les droits seigneuriaux y attachés. Habitation qui se trouvait apparemment à proximité immédiate de la Meuse. L’histoire relate que lors de la translation des reliques de saint Lambert de Maastricht à Liège, le cortège aurait fait halte sur ses terres. Miracles et révélations s’ensuivirent,… entraînant l’édification d’une chapelle à saint Lambert en ces lieux, laquelle aurait rapidement été détruite à la fin du IXe siècle, à l’époque des invasions normandes. En outre, on constate à partir d’Eracle, vers 950, que les princes de Liège ont toujours possédé le domaine foncier et fluvial à Nivelle-sur-Meuse et ce jusqu’en 1616, date de son passage aux mains de seigneurs laïcs qui fixèrent leur résidence au hameau de Loën. Par la suite, en 1657, selon un document émanant du Prince-Evêque Maximilien Henri de Bavière, le pré « Labroye « fut rehaussé et des battes furent construites. L’édit autorisant les travaux précise en outre que « cette place avait ci-devant passé 150 ans et servit de cimetière dont les ossements sont mis à jour par les inondations». Le 12 mars 1214, Hughes de Pierrepont avait fait transporter à Nivelle les matériaux du pont de Maastricht qu’il avait fait démolir pour empêcher le passage de l’empereur. Le 15 décembre 1236, Jean d’Eppes eut une entrevue avec le comte de Gueldre et, le lendemain, ils signaient une convention à Nivelle. La paix de Sainte-Walburge, conclue en 1271 entre le Prince Henri de Gueldre et les villes de Liège, de Huy, de Dinant et de Saint-Trond, mentionne la destruction et l’incendie de la maison mais aussi de la chapelle de l’évêque à Nivelle. La propriété fut réédifiée et disparut peut-être dans le courant du XVe siècle lors du conflit qui opposa Guillaume de la Marck à Louis de Bourbon et à Jean de Hornes.

Résultats 

Cinq zones ont été définies en fonction de l’avancement des travaux et des priorités des promoteurs. Nous avons par conséquent fouillé prioritairement les parcelles destinées à l’établissement de la placette et de la voirie, ainsi que celles localisées entre la Meuse et ces dernières. Les trois zones établies le long de la rue de Liège ont été fouillées dans un second temps, non sans résultats. Les premiers sondages effectués avaient permis de repérer les différents apports de terres attribuables au XVIIe siècle ainsi que les niveaux pédologiques en place (gravier de Meuse, niveaux sableux et limoneux).